Identité du Carré Bleu

L’itinéraire cyclable du Carré Bleu est une boucle de 90 km le long des principaux cours d’eau de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai. L’Eurométropole et ses partenaires souhaitaient donner à cet itinéraire une identité propre et un rayonnement au moyen d’un balisage remarquable.

Celui-ci ne sera donc pas composé par les panneaux d’itinéraire cyclable traditionnels, mais constituera un balisage singulier, artistique, polysémique et pourtant non équivoque. Art paysager, installations, technologie numérique, couleur, son : nous ne savions pas encore précisément quelle forme il devait prendre, mais les critères étaient déjà bien définis.

D’une première à l’autre

Ce défi a été abordé quelque peu différemment par rapport aux autres projets, et a tout de suite été ouvert à l’international. Les principes de base de la cocréation et de l’interdisciplinarité ont néanmoins été conservés. Le parcours a été passionnant, d’autant plus que cette manière de procéder était une première pour les partenaires concernés et les designers sélectionnés.

Ainsi, Catherine Christiaens, coordinatrice de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, était en service depuis peu lorsqu’on lui a demandé de copiloter cet enjeu. Se renseigner auprès des collègues n’était pas une option, car un tel processus était aussi une nouveauté pour l’Eurométropole : « Nous trouvons très important de soutenir de telles initiatives, mais cela ne relève pas directement de notre cœur de métier. Nous ne sommes pas très à l’aise dans le monde du design, et la cocréation est aussi une nouvelle méthode pour nous. Heureusement, nous avons pu compter sur l’expertise et les réseaux des partenaires de TRIPOD-II. La phase de lancement a ainsi pu se dérouler très aisément. Nous avons lancé un appel international aux esprits créatifs, auquel 21 candidats ont répondu. »

Pour les designers français Emmanuelle Valot et Yoann Druet, les esprits créatifs qui ont finalement décroché le projet, il s’agissait aussi d’une nouvelle expérience. Nouvelle et intense, confie Emmanuelle : « C’était la première fois que je développais un projet avec des partenaires belges. La cocréation était aussi une première. Je suis spécialisée en conception graphique, et normalement, nous développons entièrement les projets au sein de notre bureau de conception graphique. Pour ce projet, nous avons entamé pour la première fois une collaboration intensive avec à la fois des acteurs publics et des entreprises. »

« Nous avons traversé ensemble un vaste parcours. Nous avons d’abord défini le type d’entreprises dont nous avions besoin. Ensuite, nous avons discuté en tête à tête avec plusieurs entreprises potentielles dans la région frontalière. Celles-ci se sont d’ailleurs pratiquement toutes jointes au processus. Ensuite, le travail de réflexion commune a pu débuter. Nous avons approfondi le concept lors d’un grand atelier avec toutes les parties prenantes potentielles, des habitants aux gestionnaires de cours d’eau. Ensuite, nous l’avons peaufiné lors de petits ateliers très axés sur la pratique, et de visites sur les sites. »

Ce peaufinage a également impliqué des compromis. Car il n’est pas toujours possible de transposer chaque idée parfaitement dans la réalité. Heureusement, les designers ont pu compter sur le soutien de Christiaan Billiet, entre autres. Il est responsable de l’ingénierie et de la maintenance auprès de l’entreprise de travail adapté WAAK Metaal & Assemblage, et met à profit son expertise technique pour faire de l’art par le biais de sa propre entreprise Billiet Art Works. Cette combinaison unique n’a pas été un luxe dans ce projet : « À un moment donné, on a aussi besoin d’avoir des ingénieurs autour de la table, des gens qui savent ce qu’est la production, qui disposent d’une compréhension technique leur permettant de donner forme aux idées. Ce n’est pas toujours facile. Il faut vraiment chercher des solutions réalisables sans nuire au concept. Pour le Carreau Bleu par exemple, les designers voulaient utiliser un bleu très typique, mais cette couleur n’est pas disponible sous forme de peinture en poudre. La peinture en poudre est toutefois très pratique pour les matériaux destinés à un usage extérieur puisqu’elle leur permet de mieux résister au vandalisme par exemple. Il faut donc chercher un compromis. »

Ces compromis ont été trouvés grâce à la collaboration de la quadruple hélice. Cela peut sembler assez complexe, d’autant plus dans un contexte transfrontalier. Pourtant, Emmanuelle envisage de renouveler l’expérience : « Malgré l’aspect transfrontalier et la diversité des partenaires, la collaboration s’est particulièrement bien déroulée. Tout le monde a fait sa part. L’Eurométropole a veillé à ce que les contacts avec les communes et les sites restent chaleureux. Les entreprises ont fait en sorte que nous disposions de prototypes à présenter, et elles ont d’ailleurs elles-mêmes participé à cette présentation. Même si cela a été pour nous une première sur toute la ligne, il est clair que nous sommes prêts à renouveler l’expérience. »

 

« Autant d’expériences et de contacts agréables que nous n’aurions pas forcément eus autrement. Nous avons ainsi pu constamment développer notre réseau. »

Catherine Christiaens, Eurometropool Lille-Kortrijk-Tournai

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Catherine Christiaens, coördinator Eurometropool Lille-Kortrijk-Tournai
Résultats directs et indirects

Le travail n’est toutefois pas encore tout à fait terminé. La cocréation a engendré un catalogue de produits beau et varié que les communes du Carré Bleu peuvent à présent utiliser. Il faudra donc attendre encore un peu avant que le balisage ne soit présent partout dans le Carré Bleu. Mais nous disposons d’une unité dans le concept, de produits élaborés, et de l’adhésion.

Outre le catalogue de produits, plusieurs résultats sont apparus en cours de route, qui n’avaient pas été prévus mais ont été bienvenus. Catherine Christiaens en dévoile quelques-uns : « En tant qu’organisation institutionnelle, nous sommes vraiment allés sur le terrain avec ce projet. Nous nous sommes rendus sur place avec les communes pour nous mettre d’accord sur les sites possibles. Nous avons sillonné les routes avec les entreprises, emportant dans le coffre un prototype, pour tester les différents lieux. Nous nous sommes concertés avec le personnel de la gestion des eaux dans les trois régions. Autant d’expériences et de contacts agréables que nous n’aurions pas forcément eus autrement. Nous avons ainsi pu constamment développer notre réseau. »

« Nous avons aussi eu beaucoup de passages à l’antenne avec cette initiative. Nous l’avons soumise comme Proof of Concept (POC) auprès de Lille Capitale Mondiale du Design 2020. Ils étaient vraiment enthousiasmés par l’idée et nous ont souvent mentionnés comme exemple dans leur communication. Nous figurions également parmi les POC sélectionnés qui pouvaient être pitchés devant un jury international. Finalement, nous n’avons pas été retenus, mais c’était une belle opportunité d’acquérir de l’expérience, et c’était aussi une chouette reconnaissance pour les designers, les entreprises et tous ceux qui ont épaulé ce projet. »

Le résultat n’est donc pas seulement une identité pour le Carré Bleu, mais aussi un parcours enrichissant pour ceux qui y ont participé.

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