Vue sur l’avenir

Comment mettre en images ce qui n’existe plus ou ce qui n’existe pas encore ?

Pour les administrations locales, il n’est pas toujours facile de communiquer de manière accessible sur la manière dont un espace public va être transformé ou l’a été. Encore moins si elles veulent que le lien entre présent et passé, ou entre présent et avenir, soit visible dans l’espace public proprement dit.

Les projets de rénovation drastique d’une place de village peuvent être annoncés par le biais d’avis aux habitants ou d’une maquette dans la maison communale. Mais comment montrer concrètement aux passants se trouvant sur la place à quoi elle ressemblera prochainement ?

Par ailleurs, les associations patrimoniales savent très bien confronter les lieux physiques à leur passé par le biais d’agrandissements de photos historiques par exemple, mais ne sont pas à même de réellement susciter ce passé.

Rendre possibles les voyages dans le temps

Le bureau d’études pilipili s’est associé à zuidwest et à quelques communes afin de relever le défi de rendre possibles les voyages dans le temps. Pilipili avait déjà fait de la cocréation avec les administrations communales précédemment, notamment dans le cadre de K-totem, une initiative de Designregio Kortrijk. Brecht Bonte de pilipili était tout à fait disposé à se lancer à nouveau dans un trajet de cocréation : « Même s’il ne s’agissait pas d’un défi très urgent comme le besoin de désartificialisation des sols, toutes les villes et communes sont confrontées à la nécessité d’une communication claire et tangible à propos de et dans l’espace public. Elles ont-elles-mêmes déjà essayé différentes choses, comme les bornes d’information près des travaux de voirie. Sur base de cette expérience et de notre angle d’approche, nous sommes parvenus à un certain nombre de critères pour le concept à imaginer. »

La liste des desiderata se présente comme suit :

  • Visible : pas question de mettre un panneau d’information discret dans un coin de la place. Le concept doit se faire remarquer.
  • Esthétique : le concept doit se faire remarquer, mais de manière positive. Il ne doit donc pas jurer avec l’environnement.
  • Accessible : tous les passants et habitants doivent pouvoir s’en approcher, y compris les enfants et les personnes handicapées.
  • Facile à utiliser : l’utilisation doit aller de soi. Autrement dit, pas d’installation compliquée ou de panneaux de commande obscurs.
  • Sûr : l’objet se trouve dans l’espace public et doit donc répondre à un certain nombre de prescriptions. 
  • Mobile : l’espace public évolue constamment. Le concept doit pouvoir suivre ces évolutions. Il doit donc absolument être facile à mettre en place et à enlever.
  • Interactif : idéalement, le concept ne doit pas se limiter à donner des informations. Une interaction doit être possible, faisant de l’observateur un véritable utilisateur.
Physique, avec une couche numérique

Cette liste des desiderata sous le bras, les partenaires se sont mis au travail. Ils ont abouti à un concept en deux parties :

  1. Un volet physique. À l’aide d’une imprimante 3D, des éléments en béton modulables pouvant être superposés sont créés à un endroit donné dans l’espace public. Le concept fait penser à un « bonhomme en blocs ». Les ouvertures dans le concept offrent littéralement une perspective sur le passé ou l’avenir. Les blocs peuvent aussi être combinés pour donner différentes formes ; il est même possible d’en faire un banc.

  2. Un volet numérique. Des codes QR permettent aux utilisateurs d’accéder à un portail numérique qui donne de plus amples informations. Ces informations peuvent se limiter à des photos supplémentaires ou du texte, mais elles peuvent aussi être très tangibles, par exemple au moyen d’hologrammes ou de la réalité augmentée.

Dans le contexte transfrontalier de TRIPOD-II, plusieurs entreprises de Wallonie et du nord de la France ont servi de source d’inspiration pour le volet numérique. Cela a permis d’ouvrir un monde particulièrement inspirant de possibilités. Nous ne pouvons toujours pas voyager dans le temps, mais voyager d’un lieu physique au monde numérique, et inversement, est bel et bien possible, même s’il reste encore certains détails à préciser, indique Brecht Bonte : « Chez pilipili, nous étions nous-mêmes en train d’explorer les possibilités de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle par exemple. Mais ce que nous avons vu chez ces entreprises a rendu ces possibilités beaucoup plus tangibles. Un environnement de RA, une vue à 360° sur l’avenir, des hologrammes : la technologie permet de rendre le passé ou l’avenir beaucoup plus proche, ce qui constitue un complément particulièrement précieux à l’objet physique. Mais cela soulève également d’autres questions, comme par exemple : Quelles informations va-t-on précisément partager, et qui va gérer ces informations ? »

Il reste donc encore quelques questions pratiques à éclaircir avant que l’on puisse voir dans la rue les premiers « bonhommes en blocs » de béton. Mais le processus nous a déjà permis d’apprendre que la liste des desiderata était réaliste, et qu’il est possible d’offrir aux gens d’aujourd’hui une vision très immersive d’un lieu, qu’il s’agisse de son allure d’antan ou de son aspect futur.

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